Tuesday, 30 July 2019

Les faits sur l'histoire Kotokoli Tem HISTOIRE DU ROYAUME DE TEM








HISTOIRE DU ROYAUME TEM DE TCHAOUDJO INTRODUCTION GENERALE S’il est vrai comme le dit le journaliste Alain Foka que « Nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple car un peuple sans histoire est un monde sans âme » , il est aussi nécessaire voire indispensable que chaque peuple prenne conscience qu’il faut sa propre histoire. En effet, Eugène Pittard paraphrasant Hegel n’écrivait-il pas en 1953 que : « Les races africaines proprement dites (celle de l’Egypte et d’une partie de l’Afrique Mineure mise à part), n’ont guère participé à l’histoire telle que l’entendent les historiens…Je ne me refuse pas à accepter que nous avons dans les veines quelques gouttes d’un sang africain (d’Africain à peau vraisemblablement jaune) mais nous devons avouer que ce qu’il en peut subsister est bien difficile à retrouver. Donc deux races humaines habitant l’Afrique ont seules joué un rôle efficient dans l’histoire universelle : en premier lieu et d’une façon considérable les Egyptiens puis les peuples du nord de l’Afrique » C’est dans le but de briser les élucubrations de ces penseurs occidentaux qui dénient toute histoire à l’Afrique que Patrice Lumumba écrit : « l’histoire dira un jour son mot…L’Afrique écrira sa propre histoire ». Ainsi, c’est dans le souci de faire la lumière sur l’histoire du royaume tem du Tchaoudjo dont certains des aspects ont déjà fait l’objet d’étude par nos prédécesseurs, que nous avons choisi notre thème que voici : « LES NOUVELLES HEGEMONIES DE LA REGION SEPTENTRIONALE. LE ROYAUME TEM DU TCHAOUDJO (1880-1914) ». Etant donné que l’histoire n’est jamais écrite une fois pour toute et qu’elle se renouvelle au rythme de l’évolution des sources documentaires et surtout du questionnement, nous avons voulu traiter certains aspects restés encore sous silence et apporter quelques précisions sur d’autres. En effet, l’histoire du Togo a fait l’objet de plusieurs recherches tant par les chercheurs étrangers que par les chercheurs nationaux et les étudiants de l’Université de Lomé. Tous ces travaux, dans leur ensemble ont permis d’avoir un éclairage nouveau sur l’histoire des différents peuples du Togo. Mais, si l’histoire de la plupart des populations du sud-Togo telle que celle des Guin, des Mina et des Ewé est connue, cela n’est pas pour autant le cas en ce qui concerne l’histoire des peuples de l’hinterland (tels que les Kabiyè, les Losso, les Tem etc.). Ceci s’explique d’une part, par le fait que ces peuples du sud ont eu un contact précoce avec l’homme blanc et d’autre part, par l’abondance de la littérature historique dont ils disposent sur leur passé. Afin de réussir ce travail, nous avons parcouru la plupart des travaux qui ont déjà abordé notre thème. De ce fait, nous avons pu recenser les documents qui ont traité de l’histoire générale de l’Afrique, du Togo et ceux qui ont traité spécifiquement de l’histoire des Tem. En dépit de notre documentation très variée, nous nous sommes confronté à des lacunes d’informations précises sur notre thème. Les obstacles rencontrés sont liés à l’état très précaire et de délabrement des documents écrits (surtout les archives), à la rareté des sources documentaires relatives aux populations du Nord-Togo, au manque de moyens financiers et matériels. La seconde partie intitulée la militarisation du royaume comprend deux chapitres notamment : la militarisation et les différents conflits du royaume et le Tchaoudjo sous domination allemande. Kotokoli ou Cotocoli : c’est une variation graphique. Les Allemands utilisaient la première forme et les Français la seconde. Ce terme désigne l’ethnie du pays tem. Pour raison de notre contexte historique, nous avons fait usage de la forme adoptée par les Allemands : Kotokoli. Pays : ce mot perd un peu de son sens premier dans notre contexte. Pour nous, il représente toute la région de peuplement tem. Tem : nous l’avons utilisé à la fois comme nom : Les Tem sont des Kotokoli, à la fois comme adjectif : Les Kotokoli sont de culture tem. Pays tem : le territoire sur lequel vit une population dont les membres se reconnaissent traditionnellement comme les « Temba » c’est-à-dire des gens qui parlent la même langue tem. Royaume tem du Tchaoudjo : qui fait l’objet de notre étude ne comprend que les sept villages constitutifs du royaume où seuls les Mola peuvent postuler au pouvoir royal. Kotokoli et Tem : La nuance entre les deux noms ne devrait pas poser des problèmes. Le Tem de l’avis de nos informateurs est l’habitant autochtone connu comme étant un agriculteur, un éleveur, un chasseur, un forgeron, un animiste, enraciné dans son milieu par ses occupations et sa culture. A propos des deux noms, Gayibor écrit : « Quoi qu’il en soit, l’ethnonyme kotokoli est le plus usité de nos jours. Il semble s’identifier plus aux éléments du groupe qui sont urbanisés et islamisés alors que le tem désignerait plutôt le monde rural et païen, le fonds ancien du peuplement. Ainsi donc cette appellation cotocoli ou kotokoli qui, à l’origine, ne semble avoir revêtu qu’une signification culturelle, s’est-elle imposée au détriment de tem ou temba, le véritable ethnonyme » 1-1. Situation géographique Les Tem constituent une entité hétérogène où à des degrés variables selon les régions, l’influence de l’Islam est très importante. Nous appelons pays tem, le territoire sur lequel vit une population dont les membres se reconnaissent traditionnellement comme les « Temba » c’est-à-dire des gens qui parlent la même langue tem. Le pays s’étend de Kéouda (sud de Fazao) jusqu’au delà de Bafilo. D’est en ouest, il s’étend sur la crête montagneuse de Malfakassa depuis Tabalo jusqu’à Kri-Kri (Adjéïdè) (voir carte n°2, p12). Le territoire ainsi défini englobe aujourd’hui plusieurs préfectures. Deux préfectures s’inscrivent entièrement dans le pays tem. Il s’agit de la préfecture de Tchaoudjo (chef-lieu Sokodé) et la préfecture d’Assoli (chef-lieu Bafilo). Actuellement les deux foyers tem, Tchaoudjo d’environ 2549 Km2 et Assoli 937,5Km2 couvrent moins de 4000Km2 sur les 56600Km2 que représente le territoire national . On rencontre aussi les Kotokoli dans trois autres préfectures où ils constituent des minorités : Bassar à l’ouest, Tchamba à l’est et Sotouboua et Blitta au sud. En dehors de ces cas, il existe des Tem ailleurs à Kozah, Ogou. Par ailleurs, nombreux sont les Kotokoli qui vivent hors du Togo. Ils sont dans les villages d’Alédjo-Koura, d’Akaradè et de Semere en République du Bénin, dans certaines localités du Ghana : Ahamassou, Kédjébi, Yendi, Koumassi, Accra etc. 1-2. Les traits géographiques dominants Le relief du pays tem est d’une grande variété et se présente de la façon suivante : -une succession de chaînes de montagnes orientées sud-ouest et nord-est. Ces chaînes s’étendent de Bafilo au nord jusqu’à Fazao, Boulohou au sud en passant par Koumondè, Alédjo, Tabalo et Malfakassa. Les plus fortes altitudes se situent au centre de la région de Malfakassa et au sud dans le Fazao. Par endroits, cette chaîne de montagnes a l’aspect d’une véritable muraille avec de fortes dénivellations. Carte no2 : Carte administrative du pays tem Source : Tchanilé, 1987, p60 1-3. La pédologie Au point de vue pédologique, les sols sont assez variés, néanmoins, il existe des entités plus ou moins homogènes s’étendant sur de larges superficies : – une région à bonne fertilité des sols, région située au sud de Tchaoudjo, – une région au sol un peu pauvre au nord de Tchaoudjo et le secteur de Bafilo, – trois zones enclavées mais fertiles (Ouest-Fazao, Mô, Est-Mono) . 1-4. La végétation Le couvert végétal est constitué essentiellement de savanes herbeuses, arbustives, arborées et d’îlot forestiers localisés sur les massifs montagneux ou le long des cours d’eau (forêts-galeries). Les forêts classées de Fazao, de Malfakassa, d’Alédjo, zones non habitées ni cultivées représentent plus de 10% de la superficie régionale. 1-5. La faune Quant à la faune, celle-ci est très riche. Elle se trouve confinée dans les réserves ou forêts classées. On y rencontre des ruminants, des carnivores, des rongeurs comme des lions, des buffles, des biches, des éléphants. Toutes ces espèces sont en voie de disparition à cause de la chasse. Mais de nos jours, avec la politique de la protection de la faune, cette chasse est réglementée, voire interdite. 1-6. L’hydrographie Si nous considérons l’hydrographie, nous pouvons dire qu’avec la chaîne de l’Atakora, le pays kotokoli est un véritable château d’eau pour le Togo. La plupart des affluents du Mono comme Na, Kolowaré, Kpaza y prennent leurs sources. Le pays n’a point de problèmes d’eau comme dans le pays bassar. Cependant tous les cours d’eau ne sont pas permanents. Certains tarissent pendant les saisons sèches. Carte no3 : Le royaume tem du Tchaoudjo Source : Gayibor, 1997, p 346 2- Le peuplement du royaume Ali Napo écrit que : « le royaume tem de Tchaoudjo se partage avec les royaume Bassar, Dagomba et Tchokossi, la domination sur presque toutes les populations à l’exception de celles considérées comme autochtones kabyè et losso de tout le Nord-Togo » Cependant, la tradition orale révèle que les véritables autochtones du pays sont les Nawo, les Koli . -Les Nawo : ils font partie des clans autochtones du royaume. Leur ancêtre s’appelait Takam et leur origine est Lognadè, village situé actuellement sur la route Sokodé-Tchamba à côté de Kadambara. Ils détenaient le pouvoir d’électeur du souverain du Tchaoudjo. Pouvoir qu’ils ont perdu au temps de Ouro Koura de Birini . -Les Koli : Ceux-ci sont considérés également comme des autochtones. Leur centre de gravité semble être le village d’Effolo dans la préfecture d’Assoli. Ils se retrouvent un peu partout à Bassar, à Tchamba, à Agoulou et en pays kabiyè. Ils sont en majorité à Bafilo où ils constituent un noyau important jouant à la fois un rôle capital dans la vie politique de cette localité. En effet, en cas de vacance du pouvoir, c’est l’un des membres de ce clan qui assume l’intérim. Les Koli représentent une entité clanique assez forte. Ce sont de véritables forgerons et par conséquent des guerriers avertis. Certains vont encore plus loin, comme Agodomou Adam , jusqu’à affirmer que les Mola n’avaient retrouvé personne à leur arrivée ni à Tabalo, ni dans leurs sites actuels. Pour ce qui nous concerne, nous dirons que la thèse de l’antériorité du groupe lama soutenue par les Européens et les Togolais mérite une certaine précision. Ainsi, le sens du groupe lama ne peut se comprendre que sur le plan linguistique. Il désigne un ensemble de groupes ethniques qui parlent des langues apparentées comme le cas des Kabiyè, des Tem, des Lamba et des Logba. De ce fait, il ne désigne pas les seuls Kabiyè et Losso comme l’ont écrit Ali-Napo et JC Froelich et Sicre. Ainsi, l’antériorité des Koli et des Nawo défendue par la tradition orale peut se comprendre d’autant plus qu’ils sont tous deux des Tem et à plus forte raison parlent la même langue tem. 2-2 L’origine du clan mola, fondateur du royaume L’origine du clan dominant mola a fait l’objet de plusieurs versions. D’une part, par les Mola eux-mêmes et d’autre part, par les autres clans peuplant le royaume. On note ainsi deux hypothèses en ce qui concerne leur origine. 2-2-2. La thèse de l’origine gourma La troisième version qui nous paraît crédible fait venir le clan mola de la Haute-Volta (Burkina Faso actuel) et serait d’origine gourma. Cette thèse est soutenue par certains auteurs comme P. Alexandre, JC Froelich, R. Cornevin, et tout récemment JC Barbier, MM Tchanilé, NL Gayibor, Ouro-Djéri etc. En effet, dans leur ouvrage commun consacré aux Kotokoli, P. Alexandre et JC Froelich rapportent ce qui suit : « Un chasseur gourma, de clan mola, parti en avant-garde vers le sud, découvrit une région giboyeuse, qu’il décida d’y faire venir ses parents. Ceux-ci quittèrent Fada N’Gourma, sous la conduite de Kotokoro et vinrent s’installer à Tabalo » Nous pensons que cette thèse se rapproche plus de la réalité. Ainsi, les Mola ne commencent à apparaître dans l’univers tem qu’avec leur installation à Tabalo sur le Mont Malfakassa qu’on peut toutefois remonter entre le XVIè et le XVIIè siècles . Les Mola disent qu’ils viennent du pays gourma et qu’ils sont à l’origine de la fondation de Tabalo. De la même manière, Ali-Napo citant JC Froelich écrit : « Les Mola seraient de la première vague des envahisseurs gourma apparue à la fin du XVIIè siècle. Ils seraient originaires de Dadéni, arrivés par l’axe Mango-Kanté et s’installant dans les montagnes de l’Atakora pour fonder le village de Tabalo d’où après quelque temps de séjour, le temps de s’assimiler linguistiquement aux autochtones se répandent ensuite dans la plaine abandonnée par les Kabyè ». Il est bien évident qu’ils sont d’origine gourma mais ils ne sont pas à l’origine de la fondation de Tabalo comme le prétendent la tradition orale et JC Froelich. Certains clans tem y habitaient avant leur arrivée. Ceux-ci furent dominés par la suite par les Mola. De plus, il ressort de l’analyse des informations recueillies sur le terrain que les Mola retrouvèrent les populations autochtones à leur arrivée à Tabalo même s’il leur soit difficile de les identifier. 2-4. Les clans migrants Vers la fin du XIXè siècle, le royaume accordait son hospitalité à des commerçants étrangers. Parmi ceux-ci, on note les clans d’origine soudanaise comme les Touré (à l’origine de l’introduction de l’Islam), les Fofana, les Traoré, les Cissé, les Konaté etc. Il existe également les clans d’origine haoussa comme les Mendé et les clans d’origine dagomba comme les Daro. Conclusion D’une manière générale, nous dirons en ce qui concerne l’origine et le peuplement du royaume que d’une part, il était peuplé de clans tem avant l’arrivée des Mola. Ainsi, le problème d’autochtonie ne se pose plus quand on se réfère aux informations recueillies sur le terrain. Néanmoins, les Mola furent à l’origine de la fondation du royaume. Plus tard avec leur migration vers les plaines de la Kara et du Mô, ils y trouvèrent d’autres clans tem plus anciens. Aussi vécurent-ils ensemble dans ces nouveaux sites. D’autres clans étrangers s’y installèrent également, mais les Mola par la suite, les dominèrent tous sans exception. Cependant, les Mola n’étaient pas des musulmans à leur arrivée dans la région. Ce qui remet en cause la thèse de l’origine arabe. Ils ne se sont convertis à l’Islam que sous Ouro-Djobo Boukari de Kparatao. En outre, la thèse de l’origine gourma défendue tant par les Européens, les Togolais que par la tradition orale, nous paraît crédible d’autant plus qu’il subsiste encore jusqu’à aujourd’hui la parenté à plaisanterie entre les Gourma et les Tem. Après cette analyse, nous verrons dans le chapitre suivant les circonstances de la constitution du royaume. Chapitre 2 : LA CONSTITUTION DU ROYAUME On ne peut pas admettre non plus avec le capitaine Sicre qui soutient que : «les populations étaient descendues dans la plaine que du jour où la présence européenne avait garanti la paix dans le milieu », car cette migration s’était produite bien avant la pénétration européenne dans l’hinterland plus précisément dans le royaume sous le règne de Ouro-Djobo Boukari de Paratao en mai 1889 . Cependant, toutes les causes défendues par la tradition orale nous semblent crédibles d’autant plus que la plupart des Tem sont des agriculteurs et de ce fait, ils ont plus besoin des terres fertiles pour leurs diverses cultures. L’occupation de nouveaux sites s’est faite de façon progressive et aboutit finalement à la naissance du royaume. 1-3. L’occupation progressive et naissance du royaume Les descendants de Gadaou après avoir séjourné longtemps à côté de leur père à Tabalo, n’ont pas émigré en même temps et n’ont pas occupé non plus leurs sites au même moment. Certains ont occupé directement leurs sites tandis que d’autres ont fait des escales chez leurs frères avant d’aller occuper leurs sites respectifs. Le pouvoir de Dyabo dépasse même le pays temu et s’étend sur des territoires comme Tchamba, Alibi, une partie du pays anyanga, où la langue temu n’est pas parlée en tant que langue maternelle » L’étendue du royaume dont parle von Zech est discutable. Comme nous le verrons plus tard, Adam Méatchi a combattu du côté du royaume mais pas contre celui-ci. Si le Tchaoudjo englobait Tchamba et Alibi, comment Méatchi pouvait-il combattre Tchamba au profit de Kri-Kri qui lui fit appel ? Ce qui signifierait que le pouvoir de Djobo ne s’est, en outre, jamais exercé sur tout le pays tem. Certes, compte tenu de l’évolution fulgurante que ce royaume connut à partir de l’accession au trône de Djobo Boukari, on peut penser raisonnablement que son hégémonie aurait pu s’exercer par la suite sur l’ensemble du centre du Togo actuel. C’est sous son règne que le royaume connut véritablement son apogée. La migration des Mola donna naissance à deux types de pouvoirs en pays tem : Le pouvoir suprême du Tchaoudjo et le pouvoir des villages. 2- Les pouvoirs en pays tem au temps précolonial La migration des Mola de Tabalo vers leurs sites actuels avait donné naissance à deux types de pouvoirs qu’on rencontre en pays tem avec bien évidemment à la tête le pouvoir suprême du Tchaoudjo. En effet, Le royaume tem du Tchaoudjo est un royaume bien organisé sur le plan politique. Ainsi, pour postuler au pouvoir en pays tem, il faut avoir rempli un certain nombre de conditions. Mais, ces conditions varient selon les pouvoirs. 2-1. Le pouvoir suprême du Tchaoudjo Rappelons que le pouvoir suprême du Tchaoudjo avait été instauré par les sept villages du clan mola. Il s’agit de Kpangalam, Tchavadi, Kadambara, Birini, Komah, Yélivo et Kparatao. Cette forme d’organisation existait chez les Tem bien avant la pénétration allemande. Ce qui n’était pas le cas chez leurs voisins kabiyè. En effet, tout postulant au poste de ouro-esso doit être du clan mola appartenant à l’un ou à l’autre des sept villages constitutifs du royaume. Le postulant doit être apte sur le plan physique. Il doit avoir une bonne moralité, doit être un enfant légitime . De plus, il doit jouir d’une certaine popularité. Ainsi, tout postulant qui remplit toutes ces conditions peut-être considéré comme porteur de bonheur et de prospérité pour le royaume. De plus le pouvoir est rotatif sans qu’on puisse désigner deux souverains successifs dans le même village ou lignage. Ceci sous l’arbitrage du clan daro de Tchalo. Cependant, il n’existe pas de procédure de détrônement comme c’était le cas dans les autres contrées d’Afrique notamment chez les Tchagga en Tanzanie où le chef peut-être déposé par l’assemblée des guerriers, c’est-à-dire par des hommes âgés de trente à quarante-cinq ans s’il violait la coutume. Autrement dit, si le chef pose un acte qui est contraire à la loi coutumière, la pénalité qu’il en court, c’est celle de perdre son pouvoir. Ce pouvoir relève de cette assemblée qui est composée des hommes sages, supposés capables d’assumer cette lourde responsabilité. Par ailleurs, il en est de même chez les Bemba en Zambie où le Citimukulu (chef) devait tenir compte de l’avis de quarante conseillers héréditaires les plus anciens et chargés de certains rites indispensables à l’exercice du pouvoir, avant de prendre une décision sous peine d’être déposé par ces derniers . Le chef du Tchaoudjo prenait le titre de ouro-esso ou souverain et il a droit de vie et de mort sur son peuple. De l’avis de notre informateur Ouro-Touh Adam , le chef prend le titre de ouro-esso car il est considéré comme le représentant de Dieu sur la terre et de ce fait, il doit être loué par son peuple comme les fidèles le font à l’égard de Dieu. Le nouveau souverain recevait son investiture des mains du chef de Tabalo qui est considéré comme son père. Le choix du chef de villages obéit aussi à des règles plus particulières aux villages. 2-2- Le pouvoir des villages Il concerne les villages fondés soit par les mola ou soit par les autres clans tem. Le critère fondamental dans ce type de pouvoir est l’appartenance du postulant au clan fondateur du village, seul héritier de la chefferie. C’est ainsi qu’on a certains chefs de villages de clans mola et d’autres de clans non mola. L’exemple du village d’Agoulou où le chef est du clan mola et celui du village de Kolina où le chef est du clan dikéni. En définitive, Gadaou était l’ancêtre du clan mola, originaire du pays gourma. Il s’était installé dans la zone montagneuse à Tabalo. Par la suite pour des raisons d’ordre naturel, économique et sociodémographique, les populations émigrèrent vers les plaines de la Kara et du Mô. Cependant, les incursions des esclavagistes évoquées par certains auteurs nous paraissent injustifiables car la plaine n’offrait aucune garantie sur le plan de la sécurité. Cette migration s’était faite par étape donnant naissance à des villages, qui à leur tour allaient constituer le royaume tem du Tchaoudjo. D’une manière générale, le pays tem comportait deux types de pouvoirs. Des règles bien définies, régissaient la désignation de tout nouveau souverain. Mais, ces règles furent violées à deux reprises en ce qui concerne le pouvoir suprême du Tchaoudjo : d’une part, par Ouro-Djobo Boukari de Kparatao et d’autre part, par Komah . Le royaume tem du Tchaoudjo a su garder son intégrité et son influence sur les autres peuples de la région grâce à son organisation politique et économique. Chapitre 3 : L’ORGANISATION POLITIQUE ET ECONOMIQUE DU ROYAUME Introduction Rappelons que les villages constitutifs du royaume furent fondés par les Mola avec l’appui des populations autochtones . Comme toute organisation étatique, le royaume tem du Tchaoudjo était bien organisé sur les plans social, politique et économique. La plupart des communautés qu’elles soient autochtones ou allogènes occupèrent des fonctions spécifiques dans le royaume. 1- Structure socio-politique du royaume A l’instar de la Confédération de Délos dans l’antiquité grecque où Athènes avait joué un rôle pilote, Kparatao aussi va jouer le même rôle dans le royaume tem du Tchaoudjo. Ceci n’a pu être possible que grâce au charisme et à la forte personnalité de Ouro-Djobo Boukari qui fut le sixième ouro-esso du royaume. 1-1. L’organisation sociale du royaume Pour ce qui est de l’organisation sociale, notons que le royaume était composé d’une population hétérogène où il y a le brassage entre les clans. Chaque clan avait son rôle spécifique qu’il joue dans la société. Ainsi, seuls les Mola pouvaient-ils accéder au poste de ouro-esso. Les Nawo d’abord et ensuite les Daro jouèrent un rôle essentiel d’arbitrage. Depuis l’origine du royaume, le droit du choix du souverain fut détenu par le clan nawo. Mais au cours du règne de Ouro-Koura de Birini, un Nawo aurait fait la cour à une des femmes du souverain. Cet acte leur fit perdre leur rôle d’arbitrage au profit du clan daro . Les Touré Safara de leur côté furent à l’origine de l’introduction de l’Islam dans le royaume . Ces Touré Safara avec les Traoré et les Fofana ont seuls droit à l’imamat. Par ailleurs les Issa Touré originaires de Sokoto s’occupent seulement de la fonction de Malwa-ouro . Celui-ci intervient conjointement avec les Tchakpindé pour nommer l’imam grâce à son rôle social car d’une part, il est le chef des musulmans et d’autre part, il est considéré comme la première autorité religieuse. En cela, Malwa-ouro est supposé maîtriser les prescriptions divines qui régissent la religion et en cela constitue une personne ressource pour la nomination de l’imam. De la même manière, les Tchakpindé furent les plus anciens et de ce fait, sont censés trancher entre les trois clans (Touré, Fofana et Traoré) dans le choix de l’Imam. Les Tchakpindé en tant que doyens de Didaouré restent très puissants grâce à leurs connaissances des rites traditionnels de protection. En ce qui concerne la religion, les mola étaient animistes à leur arrivée dans le royaume. L’Islam ne gagne le royaume qu’avec l’arrivée des étrangers notamment les Touré au cours du XIXè siècle. En effet avec l’arrivée au pouvoir de Ouro-Djobo Boukari et surtout après sa conversion à l’Islam, il voulut l’imposer comme religion d’état . La conversion de Ouro-Djobo Boukari à l’Islam peut s’expliquer d’une part, par l’afflux des étrangers musulmans dans le royaume. A cette époque, le Tchaoudjo connut pour la première fois une religion monothéiste. D’autre part, après la guerre Kparatao-Yélivo, le souverain sollicita auprès de Adam Méatchi un expert en Islam (Alpha) pour prêcher à son peuple la nouvelle religion. Par ailleurs, on note aussi l’influence de son frère Abdulai Apu Traoré . Ces évènements auraient contribué énormément à la conversion Ouro Djobo. Cette époque marqua le rayonnement de l’Islam ainsi que l’apogée du royaume. La vie politique du royaume est d’une importance capitale. 1-2. L’organisation politique du royaume A la tête du royaume du royaume se trouve ouro-esso (Chef-dieu). Celui-ci est assisté dans ses tâches par un nombre important de notables. Ceux-ci sont pour la plupart chefs des autres villages constitutifs du royaume et des personnages sages proches du souverain. Il existait selon le terme moderne une forme de gestion « déconcentrée » du pouvoir royal. Ce qui signifie que certains pouvoirs étaient légués aux chefs locaux sous l’œil attentif du souverain. Ces chefs locaux doivent rendre compte de leur gestion à celui-ci. Ceci étant, le pouvoir du souverain était absolu. Il sillonnait de temps en temps les villages, réglait les conflits mineurs sur place et recensait les problèmes complexes qui seront traités plus tard au palais royal. Le souverain ne marche pas . Il est transporté chaque fois par les populations du village de départ pour une autre destination et ceci à tour de rôle . Douze souverains connus et nommés ont dominé la vie politique du royaume des origines à 1914. Les règnes qui ont plus marqué le royaume sont entre autres celui de Ouro- Koura qui accéda au trône après la mort de Ouro Akoriko de Komah. En effet, celui-ci permit la victoire du Tchaoudjo dans le second conflit Komah-Agoulou que nous verrons plus tard, grâce au rôle militaire qu’il avait joué. Sous son règne, le village Birini était entouré d’une muraille comme c’était le cas d’Agokoli à Notsè. Ceci à cause des conflits qui les opposaient aux populations d’Alibi sur les problèmes fonciers. Ainsi le village s’appelait Tchoboto qui signifie « village fortifié ». Ce souverain a régné sur le royaume durant quatre vingts ans. C’est le règne qui a le plus duré dans l’histoire du royaume tem du Tchaoudjo. A l’époque, les commerçants haoussa sillonnaient la région et étant donné que Tchoboto signifiait en langue haoussa « Birini », cette appellation haoussa supplanta celle des tem et le village garda jusqu’à aujourd’hui le nom Birini. Cependant, d’après nos enquêtes, il ressort que les règnes des quatre souverains qui se sont succédé à Kparatao ont été éphémères à cause de la violation de la loi coutumière de désignation du souverain du Tchaoudjo par ce village royal. Ceci s’explique par le fait que d’une part, Kparatao avait usurpé le pouvoir qui normalement devait revenir à Yélivo et d’autre part, par la sédentarisation du pouvoir royal du Tchaoudjo dans ledit village. Ces deux évènements sont contraires à la loi coutumière qui stipule que le pouvoir doit être rotatif sans qu’on puisse désigner deux souverains dans le même village ou lignage. Si nous analysons la durée par règne, nous constatons évidemment qu’elle devînt plus ou moins courte avec l’accession au pouvoir de Ouro-Djobo Boukari. Ceci étant, les informations recueillies de la tradition orale nous expliquent mieux la situation. La prospérité du royaume s’explique aussi par ses activités économiques. 2- L’économie du royaume L’économie traditionnelle du royaume était basée à la fois sur l’agriculture et le commerce. Le commerce était fondé sur le transit des esclaves destinés à l’exportation. Mais le secteur artisanal n’était pas à négliger. La population tem était une population de travailleurs. Le royaume regorgeait de talents en ce qui concerne les travaux manuels. On y trouvait les agriculteurs, des éleveurs, des forgerons de même que des artisans. 2-1. L’agriculture. En milieu foncièrement traditionnel, l’agriculture était la principale activité des Kotokoli. C’est d’elle qu’ils tiraient l’essentiel de leurs moyens de subsistance. Les cultures vivrières de premier plan sont le mil et l’igname. Les techniques agricoles restent toujours rudimentaires. L’agriculture ne connaît pas la mécanisation. La houe, le coupe-coupe, la daba, restent toujours les outils les plus utilisés. Les 80% environ des produits sont consommés en milieu traditionnel par la population elle-même. Cette agriculture n’était pas aussi développée qu’en pays Bassar et n’utilisait pas l’engrais comme en pays kabiyè. Ainsi, Léo Frobénius l’a si bien remarqué lorsqu’il écrit en ces termes : « L’agriculture prospère, mais je ne crois pas avoir remarqué les récoltes aussi importantes qu’en pays bassar…Je n’ai jamais vu au pays tem une fosse d’engrais comme en possède chaque ferme kabiyè.» L’élevage joue un rôle non négligeable dans l’économie du royaume. En tant qu’activité secondaire du royaume, le commerce avait fait du royaume, une région d’hospitalité pour les étrangers ambulants. La situation géographique du royaume faisait de lui un carrefour commercial. Le Tchaoudjo est reconnu de l’extérieur car les commerçants étrangers venaient du pays haoussa et y séjournaient des mois . On distingue les itinéraires commerciaux, les partenaires commerciaux et les produits échangés. 2-5-1 Les itinéraires commerciaux Le Tchaoudjo constituait une étape importante pour le transit de la cola. La plupart des villages du royaume servaient de points d’escale pour les commerçants étrangers. Déjà avant le XIXè siècle, les commerçants haoussa et mandingue passaient par les villages tem notamment Agoulou en provenance de Salaga (au centre- est du Ghana actuel) en allant vers Djougou (dans le centre-ouest du Bénin actuel). L’un des itinéraires fréquentés au moment où Tchavadi avait le commandement du royaume du Tchaoudjo, passait par : Djougou- Alédjo-Koura- Agoulou- Kpassoua- Tchavadi- Didaouré . On note que Sokodé, Bafilo et Daoudé étaient des points de relais et d’échange de produits . A la fin du XIXè siècle, l’itinéraire passera par Agoulou-Kparatao-Kadambara-Didaouré pour continuer ensuite vers Fazao-Suruku-Bulohu-Djérêkpagna, puis après la traversée de la Mô, Bubalêm (près de Nakpali), Bimbila ( au centre du pays nanumba) et Salaga où les voyageurs arrivaient par « la route des Kotocolé » . Ces échanges se faisaient entre les habitants de la région d’une part et avec les commerçants étrangers d’autre part. 2-5-2. Les partenaires commerciaux Les habitants du Tchaoudjo échangeaient leurs produits avec leurs voisins de la région et avec les étrangers venant de l’extérieur. Ainsi les produits du tissage sont exportés dans les contrées voisines : Bassar, pays kabiyè, Anyanga. Leur commerce atteint aussi l’Adjouti, l’Adélé et surtout le dagomba . De plus avec la traite négrière, le pays tem a été une plaque tournante du commerce entre les caravaniers du nord du Nigeria et du Bénin actuel . Divers produits étaient à la base de ces échanges. Les captifs de guerre et les esclaves faisaient aussi l’objet d’échange d’où le royaume tirait l’essentiel de ses revenus. CONCLUSION Nous pouvons retenir en définitive, que le royaume tem du Tchaoudjo était bien organisé sur les plans socio-politique et économique. En effet, le royaume était constitué d’une population diversifiée où il y a le brassage entre les différents clans. Ainsi, chaque entité de la population avait son rôle spécifique à jouer dans la société. De ce fait, le Tchaoudjo tirait l’essentiel de ses revenus de l’agriculture et surtout du commerce. Celui-ci était fructueux grâce à la participation des populations étrangères. En réalité, il n’existait pas une capitale du royaume comme l’a écrit P. Alexandre, car il n’existait pas un palais royal unique pour tout le royaume. Chaque village avait son palais qui lui est propre et où tout nouveau souverain issu du village pouvait y habiter. Nous analyserons dans les lignes qui vont suivre les conditions qui ont favorisé la militarisation du Tchaoudjo. Deuxième partie : LA MILITARISATION DU ROYAUME Introduction Le royaume était à son apogée avant l’arrivée des Allemands. Au contact de ceux-ci, Kparatao détenait le pouvoir suprême avec comme souverain, Ouro-Djobo Boukari. A l’instar de toute formation étatique, le royaume se dota à l’origine, d’une force armée composée des autochtones. Celle-ci avait pour mission d’assurer la sécurité du royaume et de défendre ses intérêts. Tchaoudjo va ainsi jouer un rôle prépondérant dans la conquête de l’hinterland par les Allemands. Cette partie sera consacrée à l’étude des conflits auxquels le royaume avait participé et le rôle ce dernier dans la conquête et la stabilisation du pouvoir colonial allemand. Chapitre 4 : MILITARISATION ET LES DIFFERENTS CONFLITS DU ROYAUME Introduction Le royaume avait besoin d’une force armée non seulement pour protéger les populations contre les attaques extérieures mais également pour assurer sa sécurité intérieure. Ainsi dans l’intention d’étendre son hégémonie sur toute la région, le royaume organisa des expéditions contre les populations avoisinantes. 1- Militarisation du royaume Le royaume connut deux stades de militarisation dans son histoire : d’une part, la militarisation avant l’arrivée des sémassi et d’autre part, la militarisation sous Ouro-Djobo Boukari de Kparatao. A l’origine, la force armée dont disposait le Tchaoudjo se composait des hommes valides qui répondaient mieux aux conditions physiques indispensables pour les combats militaires. Ceux-ci étaient recrutés non seulement dans les villages royaux, mais également dans les autres villages tem. En effet, cette armée royale ne dépassait guère un millier d’hommes et était sous-équipée car ne possédant que des armes blanches et des fusils traditionnels. Ce qui pouvait justifier certaines des défaites qu’a connues le royaume à l’époque. Outre la défaite de 1879 lors du premier conflit contre les Anyanga sous Ouro Koura de Birini, on note aussi la défaite lors du premier conflit contre Agoulou sous Ouro Akoriko de Komah . Ainsi, le souverain du Tchaoudjo avait à sa disposition une force armée qui constituait sa garde royale. Elle assurait sa propre sécurité et l’accompagnait au cours de ses déplacements dans la région. Cependant, avec l’arrivée au pouvoir de Ouro-Djobo Boukari de Kparatao, cette militarisation du royaume s’accentua. Selon El Hadji Ouro-Nilé Alassane , c’était Adam Méatchi qui, à l’appel de Djobo Boukari de Kparatao, aurait combattu Yélivo et aurait donné le pouvoir à Kparatao grâce à sa puissance militaire. S’agissant des causes de l’arrivée des mercenaires djerma dans la région, certains auteurs ainsi que la tradition orale soulignent que c’est suite à l’insécurité qui régnait dans la région après l’accession au pouvoir par la force de Ouro-Djobo Boukari que ce dernier leur aurait fait appel. En ce qui concerne les causes de la migration des pilleurs, nous pouvons dire qu’elles peuvent être liées aux conflits internes qui étaient fréquents dans la sous-région ouest africaine au XIXè siècle. Elle peut être due à une cause commerciale. En effet, les sémassi étaient des guerriers de formation qui résulteraient de l’empire songhaï. Et comme l’empire était en décadence, les guerriers auraient décidé volontiers de migrer vers l’ouest pour louer leurs services aux chefs locaux. C’est ainsi qu’on les appelle aussi des mercenaires. C’est dans cette perspective que les guerriers arrivèrent à Tchaoudjo pour louer leurs services au nouveau souverain Ouro-Djobo Boukari. Du fait que celui-ci ait reçu les mercenaires, on le surnomma « Sémôh » Quant à la logistique qui est une partie de l’art militaire ayant trait aux problèmes de transport et de ravitaillement en armes, le problème ne se pose pas. Car le transport était essentiellement assuré avec l’abondance des chevaux. Selon Ouro-Djéri , l’introduction du cheval dans le milieu tem a deux origines : Djougou et la Boucle du Niger. D’une part, ces cavaliers militaires permirent l’intronisation du nouveau souverain et d’autre part, contribuèrent à mettre de l’ordre dans le royaume. En effet, les commerçants soudanais qui devraient emprunter la route de la cola pour se rendre à Salaga, passaient nécessairement par le pays tem. Ils voyageaient à dos d’ânes, de chevaux. C’est ainsi que les kotokoli connurent d’abord les chevaux de petite taille à poils longs pendant les XVIIIè et XIXè siècles. De même les commerçants haussa et germa en provenance de la Boucle du Niger vont par le même procédé introduire chez les Tem les chevaux cette fois-ci d’une grande taille et d’une forme moyenne et qui sont adaptés à la course. Ces chevaux seront appréciés et plus utilisés par les cavaliers. Cette armée du royaume était composée de deux sortes de combattants : d’une part, les cavaliers et d’autre part, les fantassins ou archers. Ainsi, les cavaliers utilisaient les chevaux et étaient radicalement plus armés que les fantassins. Ils avaient pour leur compte des lances et des poignards. Ils sont souvent vêtus de boubous avec des ceintures aux hanches pouvant retenir le poignard. De leur côté, les fantassins étaient habillés de la même façon. Mais ce qui les distinguait des cavaliers est qu’ils n’ont pas de chevaux et qu’ils ne possèdent que des armes modestes : gourdins, coupe-coupe. Ils jouaient le rôle d’auxiliaires et de transporteurs. Pendant la guerre, les cavaliers attaquaient les premiers les ennemis, ensuite venaient les fantassins. Mais de temps en temps, l’armée et surtout les cavaliers organisaient des séances d’entraînement qui constituaient des divertissements équestres dans le village ou en brousse. Cette préparation technique était suivie d’autres préparations d’ordre spirituel et magique. En effet, avant de partir pour la guerre, les autorités locales allaient consulter les divinités protectrices pour savoir si la guerre serait remportée ou non. Sur le plan magique, les vêtements des sémassi portaient des amulettes, signes d’invincibilité. Toutes ces préparations nous incitent à une analyse scientifique. En effet, nous pensons que les habits de guerre, la consultation des dieux ont avant tout des effets psychologiques sur les guerriers car, on suppose que le combattant en état de conscience claire ne pourrait pas donner le rendement escompté. Ainsi, le fait de porter un habit entouré d’amulettes développe en lui l’esprit d’endurance et de détermination. C’est le cas à Sparte dans l’antiquité grecque où les enfants étaient instruits à l’éducation militaire où on cultive en eux les vertus comme l’endurance, la détermination pour la défense de la Patrie. Dans cette situation, le combattant est sûr de lui-même qu’il ne craint plus la mort. Par ailleurs, la technique de guerre adoptée par les guerriers était la technique d’encerclement. Celle-ci consiste à encercler l’ennemi afin de triompher de ce dernier. Les cavaliers au devant des opérations étaient les vrais attaquants. Ce sont eux qui mettaient souvent l’ennemi en déroute en tuant les gens et en incendiant les agglomérations des adversaires au moment où les fantassins s’occupaient à compléter la mise en déroute et à piller. Le butin peut être composé de céréales, d’hommes, de femmes voire des enfants. De nombreux conflits vont par la suite opposer le royaume aux autres peuples de la région. 2- Les conflits connus par le royaume. Les souverains du Tchaoudjo étaient presque tous ambitieux. En effet, pour réaliser leurs desseins qui consistaient en la domination des autres peuples voisins, ils organisèrent des expéditions militaires contre ces derniers. On note les conflits internes et les conflits externes. 2-1 Les conflits externes Plusieurs conflits opposèrent le royaume aux peuples voisins. Ces divers conflits se soldaient soit par la victoire, soit par la défaite du Tchaoudjo. Tout ceci dépendait à la fois de la bonne ou de la mauvaise préparation, de la puissance des personnages qui conduisaient les expéditions et surtout des motifs de celles-ci. Parmi ces conflits, trois retiendront notre attention, notamment celui contre Agoulou, celui contre les Anyanga et celui contre Alédjo Kadara. 2-1-1 Le conflit Komah-Agoulou C’est l’un des conflits qui marqua les esprits de la population de Tchaoudjo jusqu’à aujourd’hui à cause des désastres qu’il occasionna au sein de celle-ci. Ainsi, le village Agoulou quoique fondé par les Mola de Tabalo n’échappa pas à la volonté d’hégémonie du Tchaoudjo. Deux conflits opposèrent le Tchaoudjo à Agoulou. En effet, le pouvoir suprême du Tchaoudjo était symbolisé par l’œuf d’autruche. Selon notre informateur Djobo Bivahi Mouhamadou , une fille du souverain Ouro Akoriko serait partie à Agoulou et leur aurait promis qu’à la mort de son père, le pouvoir royal reviendrait à Agoulou. Satisfaits de cette promesse, les habitants d’Agoulou auraient donné une grande quantité de cauris à la princesse de Komah. Ainsi, à la mort de Ouro Akoriko, fidèle à sa parole, la princesse prit secrètement l’œuf d’autruche qui était mis au faîte du vestibule de la résidence du souverain et l’aurait remis au chef d’Agoulou contre la même récompense. Les populations de Komah après avoir constaté la disparition de l’œuf d’autruche et après avoir été informées de la mauvaise conduite de la princesse, déclarèrent la guerre à Agoulou en vue de le récupérer. Ainsi, le premier conflit qui se termina par la défaite du Tchaoudjo lui causa d’énormes pertes en vies humaines. Du moment où les populations d’Agoulou étaient informées d’une éventuelle attaque de leur village, elles allèrent dans la rivière « Ouro Boungoulou » et y firent des sacrifices. Ces populations comptaient sur leur innocence et de ce fait étaient sûres de leur victoire. Pour lutter contre un adversaire de taille, la population d’Agoulou utilisa la technique de la «terre brûlée» . Les ennemis arrivèrent après que la population d’Agoulou se réfugiât dans la brousse. De ce fait, ils se mirent aveuglement à massacrer les bêtes et à razzier les biens des habitants du village. Ainsi, les troupes de Tchaoudjo se crurent déjà victorieuses du seul fait que les habitants d’Agoulou se montrèrent incapables de les affronter pour la simple raison qu’ils se sont réfugiés dans la brousse. Au chemin de retour à Tchaoudjo, les combattants de Komah furent piégés par la boue que la « rivière-fétiche » laissât sur leur passage. Alors, la boue enfonça les chevaux et les combattants d’Agoulou sortirent de leurs refuges et vinrent couper les têtes des ennemis de Tchaoudjo. Ce qui provoqua d’énormes pertes en vies humaines dans le rang des ennemis. Ainsi, pour se venger, le Tchaoudjo se prépara en conséquence avec comme chef militaire Koura de Birini qui n’avait pas participé au premier conflit. Du moment où les habitants d’Agoulou se rendirent compte que le Tchaoudjo prépara sa revanche, certains habitants quittèrent le village en direction du Bénin. C’est ainsi que certains d’entre eux s’installèrent à Kpaza sous l’ordre de Adam Méatchi tandis que d’autres allèrent jusqu’à Toboni, Tchimbéri voire au Bénin actuel. Etant donné que la plupart des habitants s’étaient enfuis par crainte des ennemis qui, sans subir aucune défensive, s’emparèrent facilement de leur œuf d’autruche. Ainsi, ce second conflit qui vit la défaite d’Agoulou avait permis à Tchaoudjo de récupérer l’œuf d’autruche, objet prestigieux et symbole du pouvoir royal du Tchaoudjo. Cette victoire s’explique d’une part, par la mobilisation de tous les villages du royaume qui combattirent au côté de Komah et d’autre part, par le dévouement des habitants du Tchaoudjo pour récupérer l’œuf d’autruche que Agoulou ne peut jamais hériter. Bien que faisant partie des groupes de descendants de l’ancêtre Gadaou, Agoulou ne compte pas parmi les sept villages fondateurs du royaume. Celui-ci lui remit une flèche. Ce qui signifie que « mon souverain vous déclare la guerre ». Pour répliquer à ce geste de Ouro Koura, le chef Ogadja après avoir convoqué les sages, décida d’envoyer à Ouro Koura trois balles. Le choix du chiffre trois est significatif. Ce qui veut dire que pour prévenir un homme, on lui adresse trois avertissements. Les Anyanga ayant compris que la guerre contre leur territoire était inévitable, ensorcelèrent la rivière Kaza de sorte que tous les chevaux tem en voulant la traverser se noient avec toute leur cavalerie. Cette stratégie utilisée par les Anyanga fut payante. Ce fut donc le premier conflit qui vit la défaite du Tchaoudjo puisque les Tem furent repoussés par les Anyanga qui disposaient en plus d’armes à feu. Aussi les Tem perdirent-ils beaucoup de soldats alors qu’on dénombrait moins de dix morts du côté Anyanga . Ce premier conflit se déroula en 1879 sous le règne du souverain Ouro Koura de Birini. Peu après, un groupe d’opposition né probablement du côté du candidat malheureux déclara la guerre au nouveau chef. C’est dans cette situation de crise que Ouro-Djobo Boukari mobilisa son armée pour intervenir à Alédjo Kadara pour rétablir la paix. Le royaume joua un rôle déterminant dans cette crise en envoyant des cavaliers dans ce village pour soutenir le nouvel élu. Ces cavaliers furent conduits par Adam Méatchi. On peut se poser la question sur cette intervention du royaume. Pourquoi Ouro Djobo Boukari s’était-il arrogé le droit de faire justice dans un village qu’il n’administrait pas ? Il est évident que le royaume était puissant et de ce fait, il était reconnu comme tel dans tous les milieux tem. Toutefois, les Mola n’avaient pourtant pas de relation de parenté avec Alédjo Kadara. Mais si le Tchaoudjo était intervenu comme médiateur dans ce conflit interne, c’était sûrement pour assurer sa suprématie « diplomatique » sur les autres chefs et par voie de conséquence, à étendre son hégémonie sur les autres contrées de la région. Bref, l’intervention du royaume à Alédjo Kadara illustre l’une des manifestations de son rayonnement et de son impérialisme dans la région. Par ailleurs, l’ambition du Tchaoudjo dépassait même les frontières du futur Togo. En dehors des conflits externes, le Tchaoudjo exerça son hégémonie aussi sur les peuples frères. 2-2 Les conflits internes Les conflits internes font référence au conflit entre Kparatao et Yélivo et les raids esclavagistes des sémassi dans la région. 2-2-1. Le conflit entre Kparatao et Yélivo Ce conflit avait fait l’objet de nombreuses controverses. Nombreux sont les auteurs qui soutiennent que ce conflit aurait opposé Kparatao à Birini. Ce qui n’est pas confirmé d’après nos enquêtes sur le terrain. En effet, selon P. Alexandre , c’était Birini qui déclara la guerre à Kparatao puisqu’il écrit : « Cette révolution provoqua une véritable guerre civile, menée par le lignage royal de Birini, dont le chef tenta vainement de s’emparer du sà ». Cependant, selon Gayibor , c’était Kparatao qui attaqua Birini puisqu’il écrit : « Birini également, quoique comptant au nombre des fondateurs du royaume, fit les frais de la montée en puissance de Djobo ». Contrairement à ces deux versions, il ressort de notre enquête que ce conflit avait opposé bien évidemment Kparatao à Yélivo et que dans l’histoire du royaume, aucun conflit n’avait opposé Kparatao à Birini. Les deux villages antagonistes Kparatao et Yélivo font partie des sept villages constitutifs du royaume. Selon les critères de désignation de Ouro Esso, il était prévu que le pouvoir devait être rotatif. Or, depuis 1800, Birini détenait le pouvoir avec comme souverain, Ouro Koura. En effet, à sa mort, le pouvoir devait revenir à Yélivo. Mais Kparatao par volonté d’usurpation voulait s’emparer de celui-ci que Birini revendiquait pour Yélivo. Ce fut dans cette atmosphère d’incompréhension que Kparatao déclara la guerre à Yélivo. Pour satisfaire son ambition, Kparatao attaqua Yélivo. Ainsi, Adam Méatchi sur sollicitation de Kparatao conduisit cette expédition qui se solda par la défaite de Yélivo. Ce conflit aurait fait de l’avis de Ouro-Akpo Kassim , sept morts au rang des combattants de Yélivo et de nombreux déplacés. Ainsi, les combattants de Kparatao remportèrent la victoire. Dans ce climat d’insécurité et de méfiance, le sà, le siège sculpté symbole du pouvoir, fut caché à Tabalo. Peu de temps après, le trône fut ramené à Kparatao avec comme nouveau souverain Ouro-Djobo Boukari. Compte tenu de l’insécurité qui régnait dans la région que le nouveau souverain coopta les mercenaires djerma. Ceux-ci permirent la consolidation de l’autorité de Ouro-Djobo Boukari . Le trafic esclavagiste s’accentua plus tard avec l’arrivée des sémassi. 2-2-2 Les raids esclavagistes Très tôt après sa fondation, le royaume se lança dans le trafic des esclaves qui connaîtra une grande ampleur avec l’arrivée des sémassi. En effet, le trafic des esclaves constituait une activité économique avant l’arrivée des sémassi. Ainsi, l’esclavage a de tous les temps existé chez les Tem. Il s’effectuait entre les Kotokoli eux- mêmes ou entre les Kotokoli et les étrangers. L’enjeu était tel que ceux qui avaient de nombreux enfants et qu’ils n’arrivaient pas à nourrir, pouvaient volontiers vendre quelques uns pour s’approvisionner en vivres et pouvoir assurer leur survie. A ce sujet, Verdier écrit : « Bafilo est un lieu important de commerce où l’on vient notamment vendre les enfants kabiyè en cas de famine ». Par ailleurs, les prisonniers de guerre devenaient des esclaves au service du royaume. De ce fait, ils travaillaient pour ce dernier. Ils allaient en nombre important transporter du sel depuis Atakpamé jusqu’à Kparatao . De plus, le souverain pouvait les échanger contre les produits d’exportation qu’apportaient les étrangers (cheval, harnachement, etc.) Devenant de plus en plus important, ce commerce des esclaves s’accentua avec l’entrée en scène des sémassi. Rappelons que les sémassi furent des cavaliers armés qui vinrent de la Boucle du Niger et qui furent cooptés par Ouro-Djobo Boukari de Kparatao. Par la suite, ils vont se lancer dans le trafic esclavagiste en raflant les populations dont les plus vulnérables furent les enfants, les femmes voire les hommes. Ces cavaliers razzieurs firent des expéditions en longeant les pistes de champs et fermes et enlevèrent ceux-ci pour en faire des captifs. Ces derniers étaient lavés dans une rivière appelée yomaboua avant de les vendre aux trafiquants du sud . La plupart des esclaves qui alimentaient le commerce négrier en ce qui concerne le Togo provenaient de l’hinterland dont les sémassi constituèrent l’un des acteurs. A ce sujet, Gayibor écrit : « De toutes les sources confondues, il ressort que la traite était régulièrement alimentée par des captifs provenant de l’hinterland…Les régions réservoirs se limitaient essentiellement à celles qui sont situées à au moins une certaine de kilomètres de la côte ». Dans son entretien avec Coubadja Touré, Tchanilé rapporte ce qui suit : « Mes ancêtres étaient des esclavagistes. Ils capturaient des gens qu’ils allaient vendre à Blitta » Ainsi, on constate que ces raids esclavagistes avaient aussi bien un intérêt politique qu’économique. Un intérêt politique parce qu’ils servaient à renforcer le pouvoir du souverain qui devint de plus en plus respecté et craint. Et un intérêt économique d’autant plus que les captifs provenant de ces rapts furent essentiellement vendus puis constituèrent une source de revenus pour le royaume. Il occasionna le déplacement des villages qui fuyaient les esclavagistes et qui trouvaient des points de refuge surtout dans les sites montagneux. Ce fut le cas du village Bouladè à propos duquel Alpha écrit en 2006 en ces termes : « Sous la menace des chasseurs d’esclaves (les sémassi), les populations de Bouladè entamèrent une nouvelle phase de migration cette fois-ci vers le sud et s’installèrent de nouveau sur le piémont de K’gbafulu… ». Ceci étant, ces raids esclavagistes ont concerné aussi bien les peuples frères que les peuples voisins étant entendu que le village de Bouladè près de Bafilo est aussi une fondation des Mola de Tabalo. Ce trafic fut aboli dans le royaume avec l’arrivée des Allemands . L’une des figures qui auraient marqué l’histoire du royaume fut sans doute celle de Adam Méatchi. 2-2-3 Le rôle de Adam Méatchi dans la montée en puissance de Tchaoudjo. Si le royaume du Tchaoudjo avait pu s’imposer comme une puissance dominante dans la région, il le doit en grande partie à la personnalité de Adam Méatchi. De son vrai nom Ouro-Nilé et de son nom de guerre Méatchi qui signifie « le terrible », Adam Méatchi est un peulh du clan touré originaire de Sokoto au Nigeria. Son père s’appelait Soulémane Djodi. Ses ancêtres étaient respectivement Nouhoum, Moussa, Maman, Soulémane Djodi et se seraient installés à Kpaza vers 1830 . Mais, ceux-ci s’installèrent d’abord à Souloum près de Koumondè. Après un long séjour à Souloum, ils découvrirent le site de Kpaza et s’y installèrent. Ces Touré furent les deuxièmes occupants de Kpaza après Madja Koubouh du clan sandou. Ainsi, par un commun accord entre les Sandou et les Touré respectivement premiers et seconds occupants du site, ils se partagèrent la gestion du village. Ainsi, les Madja s’occupèrent de l’héritage tandis que les Touré s’en chargèrent du pouvoir politique, car ceux-ci furent de véritables guerriers et de ce fait, furent capables de défendre le village contre les agressions extérieures. C’est ainsi que Adam Méatchi devint le fondateur de la chefferie de Kpaza ; Il a vécu avant, pendant et après les Allemands. Son règne dura plus de soixante dix ans. En effet, il fut un enfant turbulent, il était physiquement fort si bien qu’il battait les jeunes de son âge voire les jeunes plus âgés que lui. Il fit ses études coraniques à Djougou au Bénin actuel. Il doit aussi sa puissance au Coran, Livre Saint des musulmans d’autant plus que toutes ses tenues militaires étaient bardées d’amulettes contenant des versets coraniques (cf. Annexe III, photo1). En outre, Adam Méatchi vit du commerce des esclaves. De ce fait, il fit des expéditions militaires contre les peuples voisins de la région voire contre ceux du Bénin actuel. C’est lui qui accorda asile à certains des Mola d’Agoulou qui fuyaient le second conflit qui les opposa à Tchaoudjo. Il était cependant indépendant des sémassi de Kparatao contrairement à ce qu’ont écrit certains auteurs à l’instar de P. Alexandre, JC Froelich et JC Barbier . Toutefois, il collaborait avec Kparatao lorsqu’on lui fit appel. Ce fut le cas du conflit Kparatao-Yélivo où Djobo Boukari sollicita son appui. Quel fut alors l’apport de Adam Méatchi dans l’histoire du royaume tem du Tchaoudjo ? Etant un véritable guerrier et trafiquant, Adam Méatchi tirait l’essentiel de ses revenus du commerce des esclaves. Comme nous l’avons souligné précédemment, c’était à lui que Kparatao recourut pour diriger l’expédition contre Yélivo. Ce qui aurait favorisé l’accession au pouvoir de Ouro-Djobo Boukari après la défaite de ce dernier. De l’avis de Ouro-Nilé Abdou Karim , Kparatao confia un jeune à Adam Méatchi après ce conflit. Il s’agit de Séni Worogo à qui, il apprit l’art de la guerre. Ce dernier fut à l’origine de la fondation de Kouloundè, situé entre Didaouré et Kadambara. De plus, Djobo Boukari lui sollicita un Alpha pour enseigner l’Islam aux populations de Kparatao. Raison pour laquelle on trouve jusqu’à aujourd’hui une concession dans ce village du nom de cet Alpha. Après avoir contribué à rétablir l’ordre suite à l’accession par usurpation au pouvoir de Ouro-Djobo Boukari, il accepta l’invitation de Séméré (au Bénin actuel) de combattre le redoutable guerrier Biyaou Kpembi de Djougou . Par ailleurs, Méatchi aida aussi Kri-Kri (Adjéidè actuel) en luttant contre ses ennemis et ceci à deux reprises : d’abord, contre les menaces du guerrier Eguida de Tchamba et ensuite contre Djougou (au Bénin actuel) . Il était craint de l’extérieur à cause de sa puissance militaire si bien que les ennemis qu’ils soient de l’intérieur ou de l’extérieur du pays tem, n’osèrent pas préparer des attaques contre Tchaoudjo. Pour récompenser les bienfaits de Adam Méatchi au royaume, son fils Ouro-Nilé Issifou fut choisi au détriment du candidat malheureux Alassane du clan mola pour lui succéder à Kpaza. Selon El-Hadji Alpha Kpabia Mouhaman , Ouro-Nilé Issifou avait été choisi comme deuxième chef de Kpaza par le dixième souverain du Tchaoudjo, Ouro Anyoro Tchagodomou de Kparatao. En somme, Adam Méatchi n’avait pas lutté contre le royaume tem du Tchaoudjo. Mais il l’avait aidé à combattre ses adversaires. Il serait sans doute l’un des acteurs qui favorisèrent la sédentarisation du pouvoir royal du Tchaoudjo à Kparatao. En cela, son apport à la consolidation du royaume tem du Tchaoudjo est indéniable. Conclusion Il est évident que le royaume était craint tant à l’intérieur qu’à l’extérieur à cause de la puissance militaire de son armée. Cependant, cette puissance militaire du royaume ne doit pas masquer sa vulnérabilité. Puisque le Tchaoudjo a été défait à deux reprises dans ses expéditions militaires. Par ailleurs, Adam Méatchi est une personnalité incontournable qui joua un rôle prépondérant dans l’histoire du royaume tem du Tchaoudjo. En cela, il incarne à l’instar de Ouro-Djobo Boukari de Kparatao, l’hégémonie du Tchaoudjo. Le royaume va jouer un rôle de premier plan dans la conquête et la stabilisation du pouvoir colonial allemand. De ce fait, il connut dès lors un autre destin avec la colonisation. Chapitre 5 : RÔLE DU ROYAUME DANS LA CONQUÊTE ET LA STABILISATION DU POUVOIRE COLONIAL ALLEMAND Introduction. Les Allemands, installés au Togo depuis 1884, entrent en contact avec le Tchaoudjo dès 1888 ; Cette période de contact et de tractation finit par aboutir à l’occupation effective du royaume par les Allemands dès 1897 . Le rôle du royaume ne peut se comprendre qu’en étudiant l’histoire de la conquête allemande de l’hinterland d’une part, et qu’en examinant le rôle des sémassi dans cette conquête d’autre part. 1- Histoire de la conquête coloniale allemande de l’hinterland Suite à leur contact avec le Tchaoudjo, les Allemands multiplièrent leurs missions dans le royaume. En effet, leur intention était de faire tout ce qui était en leur pouvoir pour précéder les Français dans l’occupation du Tchaoudjo et ceci en signant des traités avec celui-ci. 1-1.L’histoire de la conquête du royaume. L’explorateur et linguiste Gottlob Adolf Krause fut le premier allemand qui voyagea dans le royaume à titre personnel en compagnie de commerçants haoussa en 1887 . Il revenait ainsi de Salaga en traversant le pays tem avant de redescendre sur la côte par « la route du sel » (Blitta, Kpessi, Atakpamé, Sagada, Aného). Il arriva le 15 juin 1887 à Kparatao qu’il nomma Kpara-Tagu, qui signifie en langue dendi « la nouvelle ville » Un an après ce voyage, la véritable pénétration allemande dans le royaume devait commencer avec la fondation, le 2 juin 1888, de la station scientifique de Bismarckburg par Ludwig Wolf. Celui-ci monta une expédition vers la vallée du Niger et arriva à Kadambara et à Kparatao le 1er mai 1889. Il fut reçu à Kparatao par Ouro-Djobo Boukari avec qui il signa un traité de protectorat le même jour . Dans l’intention d’occuper toute la région avant l’intervention française, les Allemands multiplièrent la création des postes administratifs. Ainsi, furent créés respectivement les postes de Misahöhe, le 7 mai 1890 qui donne accès à la vallée de la Volta et Kete-Kratchi, le 31 décembre 1893 qui est une étape importante sur le fleuve Volta à l’autre extrémité de la grande voie commerciale reliant Lomé à l’intérieur du pays. Ces deux postes furent créés par le chef de territoire Puttkamer . Après la mort de Wolf le 26 juin à N’dali en pays bariba, son second, le major Kling reprit son projet et quitta Bismarckburg le 21 octobre 1891 en direction de Djougou. Il arriva à Kparatao le 10 novembre et remit à Ouro-Djobo Tchadjobo, des cadeaux de la part de l’empereur Kaiser. Le premier acte des Allemands avait consisté à entériner une usurpation qui dura presque un demi-siècle. A cet effet, selon P. Alexandre , « le Comte von Zech lors de son passage dans le royaume, avait trouvé le souverain Ouro- Djobo très vieux et il pensait à le détrôner». Cependant, ajoute-t-il qu’ « il fut empêché par la nécessité d’utiliser l’armée royale pour venir à bout du chef de Kegbafilo qui venait d’arborer le pavillon français ». Dans ces conditions, un nouveau traité fut signé en 1897. Par ce traité, le souverain transféra sa souveraineté au Kaiser qui garantit en échange de préserver le droit au pouvoir suprême aux descendants de Djobo . Ce qui fut respecté car cinq souverains vont se succéder dans le compte de Kparatao. C’est ainsi que tous les souverains qui se sont succédé à Kparatao eurent l’aval des Allemands. Par ailleurs, ce sont ces mêmes Allemands qui élargirent le commandement des souverains du Tchaoudjo en leur donnant le titre de « chef supérieur des Kotokoli ». Ce qui leur accordait plus d’autorité et de légitimité sur tout le pays tem. 100 Source : Ouro-Djéri, 1989, p85 Ces soldats organisèrent des expéditions pour réprimer les soulèvements des autochtones. Pour l’administrateur français R. Cornevin , « on compte en quatre années (1897-1901), trente-cinq tournées de police et plus de cinquante combats allant de l’escarmouche à la bataille de plusieurs heures parfois appuyée par une mitrailleuse et faisait plusieurs morts et blessés ». Ainsi, toutefois que les Allemands voulaient se servir des cavaliers du Tchaoudjo, ils s’adressaient à Adam Méatchi à Kpaza et à Salami des alentours de Bafilo . Les sémassi jouèrent un rôle capital dans les diverses expéditions de répression des peuples hostiles à l’occupation allemande. Source : Ouro-Djéri, 1989, p83 La participation de la force armée du Tchaoudjo était si révélatrice qu’on pouvait affirmer que les mercenaires du Tchaoudjo jouèrent véritablement leur rôle au côté des Allemands, notamment dans la répression des peuples voisins de l’intérieur du Togo. Cependant, les sémassi furent utilisés par les Allemands pour atteindre leur objectif. Ces cavaliers n’agirent que sous les ordres des colons. Ils n’avaient pas l’intention de réprimer les peuples frères mais ils le firent dans la volonté d’obéir à l’ordre colonial. CONCLUSION GENERALE En définitive, nous pouvons retenir que Gadaou était l’ancêtre des Mola, originaire du pays gourma qui s’était installé dans la zone montagneuse à Tabalo. En effet, quelques années plus tard, pour des raisons d’ordre naturel économique et sociodémographique, les populations émigrèrent vers les plaines de la Kara et du Mô. Cette émigration aboutit à la fondation des villages notamment Kpangalam, Tchavadi, Kadambara, Birini, Komah, Yélivo et Kparatao. Six d’entre ces villages se soulevèrent contre Kpangalam, à l’initiative de Tchavadi, pour ravir le pouvoir que celui-ci s’était emparé seul. Ces villages décidèrent de régner à tour de rôle après leur victoire sur Kpangalam. Ce qui fut à l’origine de la fondation du royaume tem du Tchaoudjo. 105 Ménagère 29 décembre 2005 à Kpaza 2 Ayéva Mérigua Doumoussé 64 Institutrice en retraite 2 avril 2006 à Lomé 3 El-Hadji Alpha Kpabia Mouhaman 100 Cultivateur 19 décembre 2005 à Kpaza 4 El- Hadji Agouda Soulé 112 Ex-Garde du corps de Ouro Issifou Ayéva 11 Août 2006 à Sokodé 5 El- Hadji Batakpali Alkamatou Touré 76 Imam de la région centrale 17 Août 2006 à Sokodé 6 El- Hadji Ouro-Nilé Alassane dit Tchalé 76 Cultivateur 26 décembre 2005 à Sokodé 7 El- Hadji Ouro-Nilé Yaya 65 Cultivateur 27 décembre 2005 à Kpaza 8 El-Hadji Mêmen Arouna 79 Cultivateur 2 janvier 2006 à Sokodé 9 Ouro-Gbèlè Filératou 102 Ménagère 31 décembre 2005 à Sokodé 10 Ouro-Nilé Abdou Karim 90 Cultivateur 27 décembre 2005 à Kpaza 11 Ouro-Nilé Abdoudermane 64 Cultivateur 28 décembre 2005 à Aléhéridè 12 Ouro-Nilé Ayouba 62 Tailleur 28 décembre 2005 à Aléhéridè 13 Ouro-Gaffo Badassa 62 Ex-secrétaire de OURO Issifou Ayéva 11 août à Sokodé 2006 14 Ouro-Touh Adam 55 Chef de Tchavadi 14 août 2006 à Sokodé 15 Ouro-Sama Mouhamed 65 Notable du chef à Komah 14 août 2006 à Sokodé 16 Ouro-Akpo Kassim 54 Chef de Yélivo 16 août 2006 à Yélivo 17 Ouro-Doni Fousséni 57 Notable à Doubouyidè 16 août 2006 à Doubouyidè 18 Ouro-Gbèlè Idrissou 75 Chef de Birini 16 août 2006 à Birini 19 Ouro-Alidou Adam 85 Notable à Birirni 16 août 2006 à Birini 20 Ouro-Agouda Oumorou 87 Notable à Kparatao 17 août 2006 à Kparatao 21 Ouro-Agoro Bodjo 58 Chef du canton de Kpangalam 18 août 2006 à Kpangalam 22 Ouro-Koura Botchou 70 Notable à Kpangalam 18 août à kpangalam 23 Ouro-Sama Ali Tchassama 49 Régent de Kadambara 19 août 2006 à Sokodé – ADU BOAHEN A. (1987) Histoire Générale de l’Afrique VII, L’Afrique sous domination coloniale 1880-1935, UNESCO, NEA, 937 p. – ALEXANDRE P. (1963) « L’Organisation politique des Kotokoli du Nord-Togo », in Cahiers d’Etudes, Africaines, n° 14, Vol IV, MCML XIII, 2è cahiers, pp 228-275. -ALEXANDRE P. (1960) Histoire traditionnelle des Kotokoli et des et FROELICH JC. Bi- Bichamba, Paris, BIFAN – ALI-NAPO P. (1995) Le Togo à l’époque allemande : 1884-1914 Thèse de Doctorat d’Etat en Lettres et Sciences Humaines, Université Paris I Sorbonne, Paris, 2507 p – ALI-NAPO P. (1997) Histoire des manœuvres et soldats du Nord-Togo au temps colonial : 1884-1960, Lomé, Presse de l’UB, 171 p. AMIDOU M. (2004) Etude d’un artisanat : la poterie traditionnelle d’Agoulou (enquête ethnoarchéologique) dans l’aire culturelle tem « Tchaoudjo-est » au Togo, mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Lomé, 105p – ANDRE P. (1924) L’Islam noir, contribution à l’étude des confréries religieuses islamiques en Afrique occidentale, suivi d’une étude sur l’Islam au Dahomey, Paris, P.Genther, 129 p. – BABA N.K. (1981) L’origine, la migration et l’installation des « Kotokoli » à Tchaoudjo (Togo) : Collecte, Analyse et Essai d’interprétation de Traditions orales, Mémoire de fin de stage de formation à la fonction d’Inspection de l’Education Nationale, Ecole Normale Supérieure de Strasbourg, 236 p. – BANNA I-M. (1989) Contribution à l’histoire des Temba (Kotokoli) : histoire de la chefferie mola de K’GBAFULU (Bafilo), Mémoire de Maîtrise, Lomé, 104 p. BARBIER JC (1995) Sokodé, ville multicentrée du Nord-Togo, et KLEIN B Paris, éditions ORSTOM, , 135 p BARBIER JC (2001) Sokodé, un siècle d’images, Lomé, et KLEIN B Edition Haho,103p – BOSQUET S. (1949) Les grandes pratiques rituelles de l’Islam, Paris, PUF, 134 p. – BOSSOUKOU B. 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(2002) Le Nord-Togo en 1908/1909, Paris, Karthala, 520p – FROELICH J.C (1947) Le Cercle de Sokodé, renseignements généraux, étude physique, économique, humaine, Paris, PUF, 114 p. – FROELICH JC (1962) Les Musulmans d’Afrique Noire, Paris, édition de l’ORANTE, 406 p. – GAYIBOR N.L (1991) La Traite négrière dans le Golfe du Bénin, Lomé, Presses de l’UB, 103 p. -GAYIBOR NL (1996) Le peuplement du Togo : Etat actuel des ss la dir connaissances historiques, Lomé, presses de l’UB, 180 p -GAYIBOR NL, (1997) Histoire des Togolais, vol I Des ss la dir origines à 1884, Lomé, Presse de l’UB, 443p. – GAYIBOR NL (1997) Le Togo sous domination coloniale ss la dir (1884- 1960), Lomé, Presses de l’UB, 241p -GBIKPI-BENISSAN (1985) La chefferie dans la Nation contemporaine ; (DF), essai de sociologie sur la chefferie en pays Bassar, Akposso et Mina, Lomé, presses de l’UB, 465 p. – GNON K (1974) L’organisation politique traditionnelle en pays kotokoli, Mémoire de fin d’études à l’Ecole Normale Supérieure d’Atakpamé, 49 p. – HAMPATE- BA (1979) « La parole, mémoire vivante de l’Afrique » A. in Courrier de l’UNESCO, 32ème année, pp 17-23 – IDRISSOU S.T (1974) Influence de l’Islam sur les coutumes et traditions en pays Kotokoli, Mémoire de fin d’étude à l’Ecole Nationale d’Administration, Lomé, 30 p. – KI-ZERBO J. 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(2001) La chefferie traditionnelle, prolongement de l’administration ou garant du pouvoir coutumier ? Etude de cas : le pouvoir tem d’Agouloudè, Mémoire de Maîtrise en Sociologie, Lomé, 94 p. – NASSAM O-S.T (1990) Processus de Démocratie Administrative de collectivités locales : l’exemple de Sokodé, Mémoire de Maîtrise, Lomé, 101 p. – OURO-DJERI A. (1989) Eléments de Polémologie en pays Tem : Cas des « Sémassi » de Paratao (1880-1914), Mémoire de maîtrise, Lomé, 112 p. – RONDOT P. (1958) L’Islam et les Musulmans d’aujourd’hui, Paris, éd. de l’Orant, 60 p. – TCHAM B.K. (1994) Histoire et Traditions du Nord-Togo, Lomé, Presses de l’UB, 132 p. – TCHAM B.K (2002) Le Bassin de l’Oti du XVIIIè siècle à 1914, Thèse de Doctorat d’Etat ès-lettres et Sciences Humaines, vol II, Lomé, 837p. – TCHANILE M. (1987) Contribution à l’étude du mariage traditionnel en pays kotokoli (cas du village de Kidéoudè, préfecture de Tchaoudjo Togo), Thèse de Doctorat de 3è cycle en Ethnologie, Paris, 347 p. – VERDIER R. (1982) Le Pays Kabiyè, cité des dieux, cité des hommes, Paris, Karthala, 215 p – WADJA Ex (1992) Les communautés métallurgiques de KPILKPA (B), Bassar : le cas des Taapu, Mémoire de Maîtrise, Lomé, 109p TABLE DES MATIERES Pages Sommaire———————————————————– I Dédicace——————————————————- II Remerciements———————————————- III INTRODUCTION GENERALE————————– 1 Première partie : ORIGINE ET CADRE DE LA CONSTITUTION DU ROYAUME———————— 7 Chapitre 1 : PRESENTATION GENERALE DU PAYS TEM ET HISTOIRE DU PEUPLEMENT————————– 9 Introduction—————————————————- 9 1 Présentation générale du pays tem——————- 9 1-1 Situation géographique—————————- 9 1-2 Les traits géographiques dominants———————— 10 1-3 La pédologie——————————————— 13 1-4 La végétation————————————————– 13 1-5 La faune——————————————————– 13 1-6 L’hydrographie———————————————— 13 2 Le peuplement du royaume——————————– 15 2-1 Les premiers occupants avant l’arrivée des Mola— 15 2-2 L’origine du clan mola, fondateur du royaume —— 17 2-2-1 La thèse de l’origine arabe——————————– 17 2-2-2 La thèse de l’origine gourma—————————— 18 2-3 Les autres clans tem———————————– 19 2-4 Les clans migrants- —————————————– 20 Conclusion—————————————————– 21 Chapitre 2 : LA CONSTITUTION DU ROYAUME————- 22 Introduction—————————————— 22 1 De Tabalo à la naissance du royaume——————- 22 1-1 à l’installation des Mola————————————– 22 1-2 Les causes de migration de Tabalo————————- 23 1-2-1 Les causes naturelles——————————————- 23 1-2-2 Les causes économiques————————————– 24 1-2-3 Les causes démographiques———————————- 24 1-3 L’occupation progressive et naissance du royaume—– 25 1-3-1 L’occupation chronologique des sites———————– 26 1-3-2 Naissance et évolution du royaume————————- 28 2 Les pouvoirs en pays tem au temps précolonial———- 29 2-1 Le pouvoir suprême du Tchaoudjo————————— 30 2-2 Le pouvoir des villages—————————————— 31 Conclusion——————————————————— 34 Chapitre 3 : L’ORGANISATION SOCIO-POLITIQUE ET ECONOMIQUE DU ROYAUME —————————— 35 Introduction——————————————————— 35 1 Structure socio-politique du royaume———————— 35 1-1 L’organisation sociale du royaume————————— 35 1-2 L’organisation politique du royaume———————- 37 2 L’économie du royaume—————————————– 39 2-1 L’agriculture——————————————————— 39 2-2 L’élevage————————————————– 40 2-3 La forge————————————————— 40 2-4 L’artisanat———————————————————– 42 2-5 Les échanges ———————————————– 42 2-5-1 Les itinéraires commerciaux—————————– 43 2-5-2 Les partenaires commerciaux———————— 44 2-5-3 Les produits échangés—————————— 44 Conclusion——————————————————- 45 Deuxième partie : LE TCHAOUDJO DE LA VEILLE DE LA CONQUETE AU CONTACT DES ALLEMANDS—————————————————– 46 Introduction——————————————————— 47 Chapitre 4 : MILITARISATION ET LES DIFFERENTS CONFLITS DU ROYAUME ———————————– 48 Introduction——————————————————— 48 1 Militarisation du royaume—————————————- 48 2 Les différents conflits du royaume—————————- 53 2-1 Les conflits externes——————————————— 53 2-1-1 Le conflit Komah-Agoulou————————————– 54 2-1-2 Le conflit contre les Anyanga———————————- 56 2-1-3 Expédition militaire des sémassi à Alédjo Kadara——- 59 2-2 Les conflits internes———————————————- 61 2-2-1 Le conflit entre Kparatao et Yélivo————————— 61 2-2-2 Les raids esclavagistes—————————————– 62 2-2-3 Le rôle de Adam Méatchi dans la montée en puissance du Tchaoudjo—————————————- 64 Conclusion——————————————————— 68 Chapitre 5 : ROLE DU ROYAUME DANS LA CONQUÊTE ET LA STABILISATION DU POUVOIR COLONIAL ALLEMAND————————————— 69 Introduction——————————————————— 69 1 Histoire de la conquête allemande de l’hinterland——— 69 1-1 L’histoire de la conquête du royaume ——————- 69 1-2 L’impact de la présence allemande à Tchaoudjo——– 71 2 Rôle des sémassi dans la conquête allemande de l’hinterland——- 74 2-1 La police coloniale « Die Polizeitruppe »——————- 74 2-2 Les expéditions militaires dans l’hinterland (1896-1898) —————————————————————- 76 2-2-1 L’incident de Tassi (6 mars 1896) ————————— 76 2-2-2 Soumission des peuples kabiyè—————————— 77 2-2-3 L’attaque du pays losso—————————————– 78 CONCLUSION GENERALE———————————– 80 SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE—————————- 82 TABLE DES MATIERES————————————— 91 ANNEXES———————————————————- 95 ANNEXES

Thursday, 25 July 2019

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Saturday, 1 June 2019

Kotokoli tem kunum bowaa dictionary by ouro tchabu

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A B C D E 1 Timestamp 2 25/01/2019 21:33:15 Option 1 Yes 3 Alamariwa Baawe 4 Alawa Bazu 5 Alariba Baazu 6 Almisi Bawe 7 Albo Bazuma 8 Albao Balaa 9 Albu Badaa 10 Alibi Bada 11 Alphawa Barara 12 Alkachi Bagara 13 Azaara Badu 14 Almuma Baadu 15 Aveera Bade 16 Adura Baade 17 ALIDJODE Badei 18 Alhiridee Baguru 19 Aguzaa Baaguru 20 Aduza Bagna cika 21 aluma Bago we re here given you some powerful of our great language we give you 60 words in in exmpale of A B C D to z soon we ll bring you more in our google doc .com 22 Abalo Bauw 23 Alewa Baw 24 Alaa Bawele 25 Abonaa Bawula 26 Abuu Bazura 27 Abuwe Bavara 28 Agaara Baba 29 Akpa Baawu

Thursday, 16 May 2019

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Tuesday, 14 May 2019

kue was named as koueda before changing it name to kue the same to bukaride was bukari






kue was named as koueda before changing it name to kue the same to bukaride was bukari Tableau 1. Liste des villages de la Plaine avec leur chiffre de population pour les années 1960 et 1964 (2) 1 964 1960 + BOULO Kpankpa!"a Kaliada Boukaride 957 50 6 3 1 016 KADIAHBARA FOLO BANDE BOLO 30 80 26 98 234 1250 1 1 217 33 3! ! 73 190 60 168 63 508 508 511 11 Il- 114 136 i 136 250 250 490 2 16 104 10 136 200 50 880 1l.j· 17 24 SOUROUKOU Atakorabonou Kakada TASSI AGBAYlASSOilllIOU ADAMDE , KOUEDA Garekopé DJARAPA?YGA Adjondo Peul Adjondo Konkomba Adjondo Nanamalde 1 Akalake Sakouda 2~ ..!.-!Eankpama Nond,a______ 54 1.018 1018 1 341~ 326! ! --y~- ..- ,-_._--.-,-""'; i - .~--:---:.--'~ , 3276 ;(1)3493 217i ------_._---- (1) Population du Canton de Fazao moins la population du village de Fazao. (2) En lettres capitales sont indiqués les villages ; en petits caractères, leurs hameaux Le fait le plus significatif est la diminution de 20 %de la popu￾lation de Djarapanga. Quant aux variations, en plus, présentées par les autres villages, elles sont à première vue insignifiantes en ce qui con￾cerne Boulo j par contre, relativement importantes pour Adamde (116 %) , Koueda (32 %). La diminution de 32 %de Tassi correspond au déclin du vil￾lage d'Agbamassoumou au profit d'Adamde. Une première constatation peut être faite : les villages du secteur Nord sont restés stables j ceux du secteur Sud se sont manifestés par leur accroissement j seul le secteur de Djarapanga de l'Ouest accuserait une réduction de population assez importante. Si nous anticipons, nous remarquons que le premier ensemble de villages est celui que l'on peut considérer comme étant le plus conservateur quant à son organisation poli￾tique ; le second, à la tête duquel est Souroukou, le plus riche économi￾quement parlant, est celui qui manifeste certaines initiatives, entre autres l'introduction de cultures pérennes destinées à l'exportation; le dernier se caractérise par sa position frontalière et, partant, par la mo￾bilité de sa population. Rappelons que ces divisions de la plaine corres￾pondent en partie à celles qu'il nous semble possible d'opérer du point de vue du géographe. Une étude plus poussée révélerait vraisemblablement l'existence de zones régionales spécifiques individualisées tant par le milieu, piedmont et plaine proprement dite, que par l'origine des popula￾tions. Cependant, ces quelques changements démographiques, d'intensité différente suivant les villages n'ont en aucune manière bouleversé l'or￾ganisation territoriale des communautés, organisation en rapport étroit avec l'effectif de population. Trois catégories de villages selon leur taille peuvent être distinguées très facilement, et en regard de chacune d'elles, décrites des organisations villageoises allant de la plus simple à la plus complexe j néanmoins toutes participent du même modèle de struc￾ture territoriale. Ainsi nous avons dans la première catégorie les villa￾ges à population inférieure ou égale à peu près à 500 habitants. Leur structure est simple : on n'y constate aucune division interne en quartiers (farendi ou baure). C'est le cas de Souroukou et de toutes les localités dont l'effectif ne dépasse pas ce chiffre. Dans la seconde catégorie en la￾quelle nous rangeons les villages comportant entre 500 et 1 000 habitants, Boulo par exemple, nous avons des agglomérations divisées en quartierE • Au-delà de 1 000 habitants (c'était le cas de Djarapanga en 1960, et l'est toujours malgré la forte diminution de population) nous découvrons à l'in￾térieur d'un quartier, des subdivisions bien établies portant chacune un nOfl qui lui est propre. A Boulo existent trois quartiers: Agbende, Kous￾sountou, Malouada ; à Djarapanga, il en existent trois aussi: Adjondo, Batamba, Akalake ; mais ce dernier est lui-même divisé en sous-quartiers Waragny, Parakou, Halouada. Cette classification des quelques villages de la Plaine serait inu￾tile si l'organisation territoriale ne s'y trouvait impliquée et de ce fait si le passage d'un village d'une catégorie à une autre n'entraînait pas quelques conséquences sociales intéressantes à cette échelle. Pour l'ins￾tant, retenons que le tiers de la population vit dans des villages à or￾ganisation simple dont l'un est en passe de se compliquer Souroukou, qu'un autre tiers réside dans un village complexe, et que le reste conna1t une organisation villageoise complexe et élaborée (Djarapanga). En outre toute augmentation ou diminution dans les années à venir ne manquera pas de jouer sur les structures foncières et politiques. Il convient également de considerer les harlleaux et les llconcessions" isolées. Très souvent autour des villages, et quelle que soit leur impor￾tance, se sont implantés des cultivateurs avec leur famille. Les hameaux q~'ils forment alors portent parfois le nom du paysan le plus anciennement établi: Boukaride, hameau de Boulo, qui signifie chez (de) Boukari, ou bien le nom de la rivière qui passe à proxinuté : Kalia (da), ou bien en￾core le nom du qu~rtier dont dépendent les hameaux ; la série des Adjon￾do du secteur de Djarapanga, avec comme qualificatif un nom d'ethnie peul, konkomba ••• Autour des villages de la première catégorie où sont groupées les localités dont le chiffre de population est inférieur ou égal à 500 habitants les hameaux sont peu nombreux i Souroukou en possède deux Atakorabonou, et Kakada. Près du village de la seconde catégorie Boulo, en gravitent trois : Konkomba, Boukaride et Kalide. I~ais c'est dans le secteur de Djarapanga, village de la dernière catégorie, qu'un certain habitat dispersé s'est développé à côté de l'habitat groupé qui reste dominant. Djarapanga comporte cinq hameaux ; Adjondo peul, Adjondo kon￾komba, Adjondo Nanamalde, Alaka Sakonda et Kpankpama Monda. Ainsi la par￾tie sud du piedmont, caractérisée par une certaine vocation agricole pour les produits d'exportation, présente uniquement un :~abitat groupé; celle du Nord, dans la mesure ou quelques hameaux supplémentaires sont significatifs, voit se créer des localités excentriques; aux environs de Djara￾panga est la zone de la plaine où la dispersion de l'habitat manifeste￾rait une tendanoe à se développer. Cependant. il ne faudrait pas surestimer ce phénomène de disper￾sion, comme le montrent les pourcentages de population résidant respec￾tivement dans les villages et dans les hameaux. TABLZB.U N°2 Tableau 2. - Répartition de la population par type d'habitat pour les années 1960 et 1964. ; Village 1 : Village 2 : Village 3 Hameaux 1 1964 t i1960 i1960 1964 1960 196+1960 1964 1 1 11182 1224 1 942 957 1082 8801 316 215 1 33 % 1 27 % 31 % 1 1 1 9 % 37 %! 29 %. 27 %! 7 % ! !

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Il ne faudrait pas non plus le négliger : très souvent les étrangers im￾migrants, car ce sont eux qui ont créé ces hameaux avec l'accord des vil￾lageois autochtones, n'ont pas la possibilité de s'installer dans les vil￾lages. Notons qu'ils tendraient même à la longue et si le mouvement d'im￾migration se prolongeait, (ce qui n'est pas le cas actuellement étant don￾né la position marginale de la région), à gonfler ces hameaux au point d'en faire de nouveaux villages. Cette transformation serait d'autant plus facile et nécessaire que dans la plupart des cas, les cellules qu'ils for￾ment sont fort éloignées des localités desquelles ils dépendent •published by ouro tchabu (adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({ google_ad_client: "ca-pub-6383621328684649", enable_page_level_ads: true }); > 012587836936959310805:i3cil0-yu5e <

Wednesday, 1 May 2019

CONTRIBUTION A L'ETUDE SOCIOLOGIQUE DES KOTOKOLI DE LA PLAINE DU MO-FAZAO

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CONTRIBUTION A L'ETUDE SOCIOLOGIQUE DES KOTOKOLI DE LA PLAINE DU MO-FAZAO
l N T R 0 DUC T ION La présente étude a fait l'objet d'une convention passée entre le Gouvernement de la République du Togo et l'Office de la Recherche Scien￾tifique et Technique Outre-Mer. Il était prévu dans la convention qu'il serait procédé à un "inventaire" humain d'une région en marge et de sur￾cro1t mal connue: la Plaine du Mô-Fazao. Pour des raisons d'ordre fi￾nancier, un mois de travail sur le terrain était accordé ce qui est évidemment très insuffisant quand il s'agit de conna1tre d'une popula￾tion : sa langue (car il est inconcevable de l'ignorer si l'on veut en￾gager un authentique dialogue avec autrui afin d'en rendre compte dans le langage de la sociologie), ses structures, et, dans le meilleur des cas, le système qui la maintient et l'anime. Disons dès l'abord qu'il ne nous a pas été possible de connaître en si peu de temps la langue et qu' il serait bien imprudent de notre part de présenter la "synthèse" que l'on attend peut-être de nous Les Kotokoli forment une population de plus de 70.000 habitants lo￾calisée dans la circonscription de Sokodé, située au centre du Togo. Se￾lon P. Alexandre, I~e terme Kotokoli (serait) rejeté par les Allemands au profit de Tem. Cette exclusion n'est pas justifiée. Non seulement en ef￾fèt le terme de Kotokoli est ancien, mais encore il est utilisé par les Kotokoli eux-mêmes avec une acception autre que celle de Tem: ••• il est des Kotokoli non-Tem" (1). Suit un tableau de l'auteur très explicite quand à la stratification ethnique de la population que nous préférons rapporter comme tel. Non-Kotokoli 1 étrangers urbains surtout depuis la péné- ordinaires ruraux tration coloniale. étrangers "chasseurs" c. 1870 privilégiés Peul c. 1830 1 non-Tem égom fin XVIIIe siècle l clans nobles c. XVIIe siècle Kotokoli Tem clans aborigènes ? Les Kotokoli-Tem, représenteraient le vieux "fond de population pa￾léonigritique, les Lamba ou Lama, culturellement apparentée aux actuels Kabrè, d'où sont issus les clans aborigènes (60 à 65 %de la population totale)". Quand aux Kotokoli des clans nobles, ils seraient "des envahis￾seurs d'origines diverses, surtout voltaïque (Gurma, accessoirement Bari￾ba, Dagomba, "Bassari", ••• mais aussi akan (ashanti) kabre et peut-être même guang et hausa". Les Kotokoli non-Tem, les "égom" ou les étrangers seraient arrivés en dernier. Ce sont des "commerçants islamisés, d'origine mande, hausa et songhaï surtout installés dans le courant du XIIIe siècle". Ils re￾présenteraient toujours selon même auteur près de 5 %de la population. Quant aux autres les non-Kotokoli proprement dits, ils sont pas￾teurs d'origine peul et chasseurs d'origine bassari. En dernier, viennent les immigrants récents venus s'installer dans la région à la faveur de la colonisation. Dans le canton de Fazao nous retrouvons la même stratifica￾tion, toutefois n'y figurent pas les derniers immigrants. (1) - P. Alexandre - Organisation politique des Kotokoli du Nord-Togo - in cahiers d'Etudes africaines, n014,00 1963. MOUTON et Co.

Thursday, 25 April 2019

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